Prélude - Assaut sur la Baie
Il n’aimait pas ça…
Ce sentiment n’avait rien à voir avec le fait d’être enfermé dans une boite de métal quasiment remplie d’eau glaciale. Non, simplement il n’aimait pas être sur la touche tandis que ses alliés étaient au feu.
Il s’imagina la situation.
Au loin les Guerriers de l’Augure faisaient le siège du fort de la Baie, la force assiégeante était trop peu nombreuse et le fort était défendu par de redoutables ingénieurs de sièges. La victoire paraissait improbable.
Voilà pourquoi il était là à se les geler.
Un jour plus tôt, les Veilleurs de Mondes avaient lancé un raid éclair sur le fort et avaient brièvement submergé la défense avant d’être repoussés.
L’attaque éclair s’était alors enlisée en un long siège qui avait drainé une grande partie des forces du Rocher ainsi que de leurs ennemis, les combats faisaient rage autour de l’enceinte principale et d’innombrables machines faisaient feu de part et d’autre au point qu’il en sentait parfois les vibrations malgré la distance.
Mais le raid n’avait pas été un échec, comme prévue lui-même et sa guilde s’était infiltré dans la forteresse grâce à Kalamity l’envouteuse. Le matériel était prêt, il n’avait plus qu’à attendre le signal.
Il fût tiré de ses pensées par une série de petits chocs venant de l’extérieure de son cercueil inondé. Le signal.
Il actionna un levier jouant sur les ballastes et senti son appareil se dégager de la couche de vase qui le recouvrait. Plaçant les lauriers de commandes sur son front, il se dirigea vers la rive.
Quelques minutes plus tard, le golem, un vieux modèle alpha qui avait connu des jours meilleurs, sortie des eaux dans l’ombre du donjon principal du fort de la baie, perdant l’eau accumulé dans le cockpit par les multiples fissures de la coque.
Zefain et Tyro l’attendaient devant une poterne auxiliaire, le duo de charrs appartenaient à la même bande de guerre et avaient grandit ensemble au Fahrar. La mortelle précision des flèches du premier était en parfaite adéquation avec la maitrise de l’art des ombre du second.
« On a bien travaillé, t’as plus qu’à te mettre au boulot chef ! » Ricana le Sylvari qui sortie des eaux aux côtés du golem, c’était Hrodwulf le second du commando.
Effectivement les deux rôdeurs et le voleur avaient fait leur œuvre, plus aucune sentinelle vivante ne gardait les remparts du donjon et seuls les bruits du siège autour de l’enceinte principale rompaient le silence de mort.
Sans mot dire, il fit avancer son golem à l’ombre de la poterne et entrepris d’en arracher les portes. Bien que fatigué, l’appareil avait été largement modifié et son bras gauche convertie en foreuse rendit l’opération plutôt rapide.
Les quatre membres du commando pénétrèrent dans la cour déserte, et le cockpit du golem s’ouvrit relâchant d’un coup le reste de l’eau accumulé et dévoila son pilote.
Il s’agissait d’un humain portant une armure lourde d’un style ancien en acier sombre et au reflet rouge, celui-ci descendit puis se retourna dans le cockpit le temps d’attraper ses armes, une masse et ce qui ressemblait à un focus à tête de dragon.
« Vous savez ce que vous devez faire, je reste là pour garder vos arrières » murmura l’homme. Les deux charrs et le sylvari acquiescèrent et disparurent dans le donjon.
*****
Olaf Bringson sortie de la caserne pour prendre son tour de garde et se dirigea vers la poterne nord. Le jeune norn était fier de lui, bien qu’encore jeune il s’était déjà illustré dans la guerre contre les barbares auguriens et avait été nommé en poste dans une forteresse.
Il avait largement fêté cela la veille et avait du mal à se réveiller, sans quoi il n’aurait pas manqué de noter l’absence de gardes sur les remparts du donjon.
Arrivé à la poterne nord, il écarquilla les yeux de surprise. La porte était brisée et un golem ouvert attendait dans une mare d’eau boueuse. L’ennemi était entré ! Il devait prévenir les troupes défendant l’enceinte extérieure !
Il porta son cor à ses lèvres et se prépara à sonner l’alerte, il senti une douleur fulgurante à l’arrière de la tête qui s’éteignie aussi vite qu’elle était apparue. Durant une seconde il vie le sol se rapprocher de lui et eu le temps de penser « ça va faire mal » mais il ne sentie jamais le sol et tout devint noir.
*****
Quelques minutes plus tard le chef du commando ressortie de la caserne en arborant un visage livide et figé. La tâche avait été sinistre et indigne mais nécessaire…
Arrivant à côté du cadavre du jeune norn à la nuque brisée, il ne put s’empêcher de penser que celui-ci avait au moins eu la chance d’être éveiller.
Regardant le sommet du donjon, il aperçu Tyro, à moins que ce ne soit Zefain, qui retirait l’étendard de leurs ennemis pour le remplacer par celui du Rocher de l’Augure. Le moment était venu.
Montant sur le rempart du donjon, il se saisit de l’étrange objet à tête de dragon et murmura une phrase en vieil ascalonien.
La bouche de la tête de dragon s’ouvrit et deux bandes de métal en sortirent s’enroulant l’un autour de l’autre, puis finalement le tout s’enflamma. Aux yeux de la plupart des gens l’arme aurait semblé être la copie des légendaires Maegder et Solothin.
Mais l’arme avait une histoire bien différente, elle était l’ancestrale arme de la famille du chevalier, l’arme s’appelait Laegdhin et le chevalier la brandis à bout de bras en l’agitant suivant un signal convenue à l’avance.
En réponse à ce signal, le chevalier perçue un flash violet venant de l’enceinte extérieure. Kalamity l’envouteuse, la dernière recrue de la ligue des aventuriers, y avait passé une journée incognito dans les rangs ennemis et ouvrait désormais un portail qui permettrait aux veilleurs de monde d’envahir le fort sans avoir à vaincre les fortifications.
D’autres flash suivirent, faisant entrer toujours et encore plus de Guerriers de l’Augure.
Les troupes des défenseurs commencèrent à se replier en direction du donjon et de l’enceinte intérieure, mais virent bientôt que celui-ci arborait les couleurs des auguriens. La messe était dite à la panique se répandit dans l’armée adverse, cette armée était redoutable en situation de siège, mais sans murs pour s’abriter les forces du rocher avaient l’avantage. Le fort de la baie serait totalement à eux en quelques minutes.
« J’adore quand un plan se déroule sans accro » lâcha Hrodwulf en rejoignant le chevalier sur les remparts.
Pour seul réponse Lockarius Iskelion s’autorisa un mince sourire, mais son regard exprimait toujours un léger malaise...
Dernière édition par Lockarius le Ven 25 Oct - 17:22, édité 2 fois